Festival Ag’na, 5ème édition : échec ou réussite ?

Article : Festival Ag’na, 5ème édition : échec ou réussite ?
Crédit: Page Facebook d'Agna
3 mars 2024

Festival Ag’na, 5ème édition : échec ou réussite ?

Ag’na entre bravoure et difficulté, un festival en quête d’équilibre entre son ambition culturelle et les réalités de son environnement. Ces défis soulèvent des interrogations quant à sa pérennité et son impact concret.

Depuis 2012, le Mali fait face à des turbulences sécuritaires qui ont laissé des traces sur de nombreux événements culturels, dont le vénérable festival du Désert, vieux de plus de vingt ans. Cependant, pour préserver cette opportunité précieuse de métissage interethnique et de célébration de la diversité culturelle malienne, les organisateurs se sont associés au groupe Walaha pour créer en 2020 le festival Ag’na,  Ag’na signifiant « culture » en tamashek.

Se tenant chaque année en février-mars dans la région de Koulikoro, cet événement fusionne les festivals de Ciné à Dos et du Désert, cherchant à créer un brassage culturel entre le nord, le centre et le sud du Mali.

Innovations et défis

Malgré des statistiques prometteuses avancées par les organisateurs, la 5ème édition, qui s’est déroulée du 27 février au 3 mars 2024, a été marquée par des insuffisances notables sur les programmes dédiés à l’Île de Koulikoro, notamment la foire et le concert.

Zeïnabou Sidibe, alias Zeïna, chargée de communication du festival Ag’na, explique : « Cette année, nous avons introduit des innovations telles que la grande marche prestigieuse des étalons du cinéma le 23 février 2024 au Centre International de Conférence de Bamako. Cette soirée avait pour objectif de mettre en lumière les cinéastes africains ».

Quand le paiement devient un obstacle

Cependant, malgré ces efforts, plusieurs facteurs ont défavorisé cette édition du festival Ag’na, notamment la proximité de la région avec la capitale malienne et l’absence de partenaires pour des raisons sociosécuritaires. De plus, contrairement aux éditions précédentes ouvertes au grand public, l’accès au site du concert était payant cette année. Zeïna justifie cette décision en soulignant que « la communauté n’est pas habituée à payer. C’est uniquement avec le soutien des partenaires qu’un festival peut être totalement gratuit ».

Ag’na apporte plus à Koulikoro qu’aux organisateurs

Photo crédit : #ToniStarPhotographie

Selon Zeïna, le prix est abordable pour ce que propose Ag’na aux festivaliers, soulignant l’importance pour les Maliens de financer leur propre culture. « Il est temps que les Maliens soutiennent les acteurs culturels en consommant la culture malienne. Ce festival apporte plus à la population de Koulikoro qu’aux organisateurs. La population doit s’approprier du festival Ag’na pour l’épanouissement culturel et économique de la région ».

Pendant la semaine du festival, les piroguiers, les vendeurs ambulants, ainsi que les hôtels et appartements de la ville bénéficient aisément de retombées économiques. Ainsi, Ag’na joue un rôle crucial dans le développement économique de la ville de Koulikoro.

Ag’na et l’environnement, une alliance peu harmonieuse

Photo credit : #ToniStarPhotographie

Cependant, le festival a rencontré des défis, notamment en matière d’infrastructures. En raison de l’environnement délicat sur l’Île de Koulikoro, dépourvue de toilettes, les festivaliers ont eu des difficultés à répondre à leurs besoins naturels. Les organisateurs ont tenté de pallier ce problème en offrant l’accès à huit toilettes dans un hôtel voisin, mais seuls les détenteurs de badges pouvaient traverser le cours d’eau qui les sépare. Cette restriction a conduit à des comportements antihygiéniques involontaires, avec le grand public se débrouillant dans les recoins du site du festival à l’air libre.

En outre, la faible affluence a également impacté les stands présents sur le site. Plusieurs d’entre eux sont restés vides, reflétant l’impact économique du manque de participants sur ces commerces locaux.

3ème et dernière nuit du concert / photo crédit : page Facebook d’Ag’na

En résumé, bien que le festival Ag’na ait attiré une affluence notable pour son dernier concert contrairement aux deux nuits précédentes et malgré ses nobles aspirations, la 5ème édition a fait face à des défis significatifs. Il devient impératif de penser à des solutions créatives pour surmonter ces obstacles et assurer la continuité de cet événement culturel d’importance au Mali.

Mahamadou Bagayoko – Toni Star

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